Si on parle souvent de l’isolation des logements particuliers, celle de l’industrie est plus rarement évoquée. Pourtant, une meilleure isolation dans ce secteur d’activité permettrait de réaliser d’importantes économies.
Une meilleure isolation de l’industrie pourrait réduire de 4 % sa consommation d’énergie. Soit une économie potentielle de 3,5 milliards d’euros pour les usines européennes.
On en parle rarement ; mais l’isolation n’est pas qu’un sujet réservé aux particuliers. Les économies d’énergie que les activités industrielles pourraient dégager sont énormes. Et en matière de CO2, ce sont pas moins de 37 millions de tonnes qui pourraient être évitées, selon l’étude « Climate protection with rapid payback », attendue la semaine prochaine. L’étude chiffre au total les économies potentielles à 3,5 milliards d’euros par an.
« Le manque de connaissance relatif aux économies d’énergie liées à l’isolation industrielle est très surprenant », affirme Andreas Gürtler, directeur de European Industrial Insulation Foundation, et commanditaire de l’étude en question.
L’étude évalue les coûts initiaux d’isolation ou de rénovation des surfaces industrielles à environ 900 millions d’euros. Mais la majorité de ces investissements sont amortis en moins d’un an. Voire parfois en quelques mois. Pour un bénéfice total
Près de 10 % voire plus des installations industrielles en Europe ne sont pas isolées ou présentent une isolation endommagée. En s’attaquant à ce problème, il serait possible de réduire de 3 % la consommation d’énergie industrielle.
« Lorsque nous parlons d’isolation, la plupart des gens pensent aux bâtiments et aux réfrigérateurs. Mais une grande partie de la déperdition de chaleur provient de l’absence ou de l’insuffisance d’isolation de la tuyauterie et d’autres matériels » explique Kornelis Blok, directeur scientifique chez Ecofys.
« Du point de vue de l’économie d’énergie, le seul critère de rentabilité justifie un niveau bien plus élevé d’isolation», explique-t-il à EurActiv. « Sur le plan économique, ces mesures sont logiques. »
Actuellement, les niveaux d’isolation résultent de décisions d’investissement a minima. Ces dernières sont prises à partir d’exigences fondées sur la température de surface maximale. Objectif : éviter tout dommage corporel parmi le personnel.
Mais l’efficacité énergétique ou la rentabilité des systèmes d’isolation ne sont que rarement pris en compte.
Philips envisage un nouveau système d’éclairage à basse consommation
Certaines sociétés ont annoncé publiquement qu’elles intégraient les économies d’énergie dans le cadre de leur stratégie de compétitivité industrielle. Lors de la Conférence sur le climat à Varsovie de la semaine dernière, Philips a annoncé que son système d’éclairage LED devrait consommer 30 % d’énergie en moins en 2020 par rapport à leur consommation en 2006.
La société projette aussi de diminuer de 12 à 6 milliards le nombre d’ampoules à incandescence en vente dans le monde d’ici 2020.
« Nous ne devons pas perdre de vue que l’Europe ne produira jamais l’énergie la moins chère, donc nous devons faire en sorte de consommer le moins d’énergie possible », explique Harry Verhaar, directeur de la division Changement climatique et de l’énergie luminaire chez Philips, à EurActiv.
Selon Philips, une transition mondiale vers la technologie LED pourrait permettre une économie d’énergie en moyenne de 40 %, soit l’équivalent de 128 milliards d’euros par an, ce qui correspondrait aussi à 670 millions de tonnes de rejet de CO2 en moins.
Si les prix de l’énergie étaient plus faibles, l’efficacité énergétique ne permettrait pas de dégager de telles économies, mais leurs niveaux actuels permettent de faire des économies substantielles.
Les bonnes pratiques industrielles
L’isolation et la modernisation industrielles permettraient d’éviter environ 66 % de la déperdition de chaleur dans le secteur industriel à l’heure actuelle, selon le rapport d’Ecofys. Si les experts en isolation avaient participé plus tôt au processus de planification de nouvelles constructions, le gain d’espace obtenu faciliterait les processus de rénovation industrielle.
Le rapport cite plusieurs exemples de bonnes pratiques dans le secteur industriel :
- Une usine de production chimique en France pourrait économiser 12,6 millions de kWh et 505 000 euros par an avec une période d’amortissement de 2 à 4 mois ;
- Une raffinerie italienne épargnerait plus d’un million de kWh, soit 75 000 euros par an, avec un amortissement s’échelonnant sur 1 à 3 années.
- En Allemagne, une usine de transformation pourrait faire l’économie de 1,4 million de kWh par an, soit 47 800 euros, sur un amortissement s’étalant sur 3 mois.
La méthodologie utilisée par le cabinet de conseil Ecofys est un ratio de rentabilité minimum. Elle tient compte de l’augmentation des coûts d’investissement dus à l’isolation et des économies réalisées grâce à une baisse de la déperdition de chaleur.
- 2014 : la directive sur l’efficacité énergétique devrait entrer en vigueur
- Avril 2014 : les États membres devraient soumettre les premiers plans d’action pour l’efficacité énergétique (PNAEE) à la Commission
- Mai 2014 : les États membres de l’UE doivent préparer des programmes pour que leurs entreprises énergétiques réalisent 1,5 % d’économies d’énergie par an
- 30 juin 2014 : examen des progrès en vue d’atteindre des objectifs sur l’efficacité énergétique en 2020
- 2016 : la Commission européenne devrait réviser la directive sur l’efficacité énergétique
- 2020 : date butoir de l’objectif ambitieux de l’UE de réduction de l’utilisation de l’énergie de 20 % par rapport aux niveaux de 2005, selon un scénario de référence
Source : euractiv.fr par Arthur Neslen